Comment l’UE fonctionne-t-elle et agit-elle sur le climat?

A quoi nous sommes-nous tellement habitués, que nous ne le remarquons même plus ?

Il est tout à fait dans la nature humaine de considérer comme évident ce pour quoi les générations précédentes se sont battues et qu'elles ont obtenu, souvent à grands frais. Tout d'abord, et c'est très important, nous tenons pour acquis que l'Europe est une région en paix. Et de fait, elle l'est pour l'essentiel depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, après des siècles de luttes intestines constantes et très sanglantes entre pays voisins, qui se sont également expatriés pendant la colonisation. La guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie il y a près d'un an, est un signal d'alarme: une guerre de haute intensité fait rage aux portes de l'Union européenne et l'implique indirectement dans de nombreux domaines, sans qu'il y ait d'implication militaire directe. Au sein de l'UE, cependant, les relations pacifiques ont été une norme très solide et le fondement de nos vies.

L'égalité et les droits de l'homme sont garantis pour toute personne vivant dans l'UE, dans les traités européens et dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE. Celle-ci interdit toute discrimination fondée sur le sexe, l'orientation sexuelle, la race, l'origine ethnique, la nationalité, la langue, la religion, l'âge ou le handicap. Il suffit de lire l'actualité internationale pour se rendre compte à quel point ces droits sont précieux, et facilement supprimés dans de nombreuses régions du monde, en particulier celles dirigées par des régimes autoritaires.

Voyager au sein de l'UE est devenu beaucoup plus facile que dans l'ancienne Europe. Cela est dû au fait que la plupart des pays de l'UE, et certains pays européens non membres de l'UE, ont supprimé les contrôles aux frontières les uns des autres. Cette suppression a été rendue possible par l'accord de Schengen signé en 1985. En tant que citoyen européen, vous pouvez voyager sans passeport dans les 26 "pays Schengen" : 22 pays de l'UE (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Suède et République tchèque), plus l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Sans compter que, lorsqu'on voyage, on n'a pas besoin d'une assurance maladie internationale, puisque celle-ci est accordée par la carte européenne d'assurance maladie.

Un marché commun et une monnaie, l'euro, introduite dans 12 pays en 2002, pour remplacer les monnaies nationales. Cela contribue à faciliter les échanges et les voyages. Cela implique que les consommateurs ont un choix beaucoup plus large et une comparaison des prix plus facile lorsqu'ils achètent des biens ou des services au sein de la zone euro (qui comprend maintenant 20 pays), parmi de nombreux autres avantages macroéconomiques.

La liberté de circulation au sein de l'UE s'applique aux personnes, aux biens, aux services et aux capitaux. Pour les personnes, elle est fondamentale, non seulement pour les voyages et les vacances, mais aussi pour se former, étudier et travailler partout dans l'UE dans les mêmes conditions que les ressortissants du pays, et travailler partout dans l'UE. La libre circulation des biens, des services et des capitaux au sein d'un marché immense et riche apporte beaucoup d'avantages aux citoyens-consommateurs.

Mais qu'en est-il du climat ? La protection de l'environnement et la lutte contre le changement climatique seront détaillées dans une deuxième partie de cet article. L'UE a pris la tête de la lutte mondiale sur plusieurs fronts et a récemment introduit une législation innovante. L'UE s'est engagée à mettre en place un Pacte vert pour l’Europe, un vaste ensemble de mesures visant à lutter contre le changement climatique, en s'engageant à devenir le premier continent climatiquement neutre d'ici 2050. Mais nous y reviendrons en détail dans la deuxième partie de cet article.

L'Union européenne est une organisation politique et économique supranationale composée de 27 États membres, comptant environ 447 millions de citoyens, soit un peu moins de 6 % de la population mondiale. Au sein de cette organisation, la zone euro est composée de 20 États membres qui ont pleinement mis en œuvre l'union économique et monétaire et utilisent l'euro comme monnaie nationale.

Les premières graines de l'union ont été plantées peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en tant qu'étape clé pour éviter de futures guerres, et sont passées par différentes formes de coopération politique et économique de plus en plus ambitieuses. Tout a commencé en 1951 avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier et le traité de Rome qui, en 1957, a établi la Communauté économique européenne (CEE).

Au cours des sept dernières décennies, divers traités ont façonné la coopération et l'intégration régionales, avec des jalons récents tels que le traité de Maastricht (1993) et celui de Lisbonne (2009), qui ont pleinement établi ce que l'on appelle aujourd'hui l'Union européenne.

Au fil des ans, l'Union a vu son champ d'action s'élargir, mais aussi le nombre de ses membres, passant du "club des six" initial (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) aux 27 membres actuels et aux huit autres figurant sur les listes de candidats, dont l'Ukraine et la Turquie.

La complexité institutionnelle de l'UE s'est également accrue, à tel point qu'il est très difficile de comprendre et de communiquer sur sa gouvernance, et de la rendre accessible aux citoyens.

Il y a sept parties principales qui doivent être comprises :

Alors que ces quatre institutions de l'UE couvrent les tâches législatives et exécutives de l'UE, trois autres institutions de l'UE complètent ces tâches, en gérant les aspects judiciaires, financiers et d'audit externe de l'Union européenne.

Les institutions et organes de l'UE coopèrent largement avec un grand nombre d'agences et d'organisations des états membre, qui traduisent les politiques en réalités sur le terrain.

L'Union européenne s'est fixé pour objectif d'agir sur le changement climatique. L'UE et tous ses États membres sont également signataires de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l'accord de Paris. L'UE est donc juridiquement tenue de contribuer aux objectifs mondiaux de limitation du réchauffement de la planète et d'adaptation aux conséquences de l'urgence climatique.

Pour atteindre cet objectif, l'UE a adopté un certain nombre de politiques et d'initiatives au cours des dernières années, avant tout, mais pas seulement, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, promouvoir les technologies propres et accroître son utilisation des énergies renouvelables. Le contexte géopolitique actuel, et en particulier la guerre en Ukraine, a donné un élan supplémentaire en 2022, et l'UE a réduit de façon spectaculaire sa dépendance à l'égard du pétrole et du gaz russes.

Très récemment, la Commission européenne a annoncé un plan industriel vert, destiné à refléter les effets de la loi américaine sur la réduction de l'inflation. La décision européenne peut être considérée comme un repli protectionniste après des décennies de mondialisation. Ce plan permettrait à l'UE de devenir le premier continent à émissions nettes de carbone nulles d'ici 2050. À ce stade, ce plan est encore à l'état de proposition, certains craignent qu'il n'alimente une soi-disant course aux subventions internationales qui signifierait un retour au protectionnisme dans le commerce mondial.

Le cadre 2030 pour le climat et l'énergie de l'UE, qui représente également son engagement au titre de l'accord de Paris, l'engage à atteindre les objectifs suivants d'ici à 2030 :

Concernant ce dernier objectif, la Commission a publié le 18 mai 2022 le plan REPowerEU, qui comprend une série de mesures visant à réduire rapidement la dépendance de l'UE à l'égard des combustibles fossiles russes. Le plan REPowerEU repose sur trois piliers : les économies d'énergie, la production d'énergie propre et la diversification des approvisionnements énergétiques de l'UE. Dans le cadre de l'intensification de l'utilisation des énergies renouvelables dans la production d'électricité, l'industrie, les bâtiments et les transports, la directive sur les énergies renouvelables (RED) vise à garantir que, d'ici 2030, les énergies renouvelables telles que l'énergie solaire, l'énergie éolienne, l'énergie hydroélectrique et la biomasse représenteront au moins 32 % de la consommation totale d'énergie de l'UE en termes de production d'électricité, de transport, de chauffage et de refroidissement - la Commission a proposé de porter l'objectif de la directive de 32 % à 45 % d'ici 2030.

Une autre initiative majeure de l'UE pour lutter contre le changement climatique est le lancement du Pacte vert pour l’Europe à la fin de 2019, qui est un ensemble de mesures visant à rendre l'économie de l'UE plus durable et, à terme, neutre sur le plan climatique.

Le Pacte vert comprend des plans visant à accroître l'utilisation des énergies renouvelables, à améliorer l'efficacité énergétique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs de l'économie. Soutenu par des investissements dans les technologies vertes, les solutions durables et les nouvelles entreprises, le Pacte vert est également conçu comme une nouvelle stratégie de croissance de l'UE pour transformer l'UE en une économie durable et compétitive. Cela reste un sujet brûlant, car l'UE doit s'adapter à des changements majeurs dans le paysage de la mondialisation et à une tendance au protectionnisme continental, comme on peut le constater chez des superpuissances économiques telles que la Chine et les États-Unis avec leur loi sur la réduction de l'inflation mentionnée ci-dessus.

Outre le Pacte vert, l'UE a également fixé des objectifs ambitieux pour la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, notamment un objectif de réduction des émissions de 55% par rapport aux niveaux de 1990 d'ici 2030 et la réalisation de la neutralité climatique (c'est-à-dire des émissions nettes nulles) d'ici 2050.

Pour atteindre ces objectifs, l'UE a mis en œuvre un certain nombre de politiques et de programmes, tels que le Système d'échange de quotas d'émission (ETS), qui est un système de plafonnement et d'échange conçu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l'électricité et de l'industrie lourde.

La directive révisée sur l'efficacité énergétique fixe un objectif d'efficacité énergétique de 32,5 % pour l'UE d'ici 2030 (calculé sur la base du scénario de référence de 2007), avec une clause de révision à la hausse d'ici 2023. Elle prolonge également l'obligation d'économies d'énergie annuelles au-delà de 2020. En outre, la directive révisée sur la performance énergétique des bâtiments a été adoptée en mai 2018. Celle-ci comprend des mesures qui permettront d'accélérer le rythme de rénovation des bâtiments et le passage à des systèmes plus efficaces sur le plan énergétique, et d'améliorer la performance énergétique des nouveaux bâtiments, avec l'utilisation de systèmes intelligents de gestion de l'énergie.

L'Union européenne est l'un des "pollueurs historiques", ce qui signifie que, bien qu'elle ait réduit ses émissions au cours des dernières années, la croissance économique de la région a provoqué une pollution et une exploitation des ressources considérablement élevées, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières.

Ces dernières années, l'UE a encouragé une action globale ambitieuse sur la scène multilaterale. Voici quelques examples :

Cet article ne donne qu'un aperçu de la manière dont l'UE agit en matière de changement climatique, sans entrer dans les détails. Nous examinerons des solutions plus concrètes dans de prochains articles, mais il nous a semblé important de résumer d'abord le contexte général du fonctionnement de l'UE et de ses objectifs climatiques, qui ne sont pas toujours faciles à expliquer.

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Pour en savoir plus sur les politiques climatiques de l'UE, voici quelques liens utiles :

Auteur : 10 Billion Solutions - Communication climat et durabilité

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Foto de portada: una bandera de la UE ondea ​frente a la sede del Parlamento Europeo en Bruselas. Crédito: jazzArt